Le contexte

Depuis 2011, la haute autorité de Santé reconnaît l’activité physique comme une méthode thérapeutique non médicamenteuse à part entière. De ce fait, de nombreux plans nationaux (PNNS, PNAPS et PNSSBE) ont été mis en place pour promouvoir la santé des Français par l’activité physique. Ces mesures ont alors abouti à la naissance du décret “Sport sur Ordonnance”, en 2016. Ce dernier permet dès lors l’intégration de l’activité physique adaptée (APA) dans le parcours de soin de certains patients.

Le renouvellement

Longtemps restreint aux personnes souffrant d’Affection Longue Durée (ALD), comme le diabète ou la sclérose en plaques, l’amendement du 18 mars 2021 vient ouvrir la prescription d’activité physique à un spectre plus large de patients. Plus précisément, l’amendement propose d’ajouter le terme de « maladie chronique et présentant des facteurs de risques » au décret déjà en cours. Ainsi, le sport sur ordonnance pourra désormais concerner l’hypertension, l’obésité, mais aussi la santé mentale et notamment les personnes souffrant de dépression.

Selon des études menées, c’était environ 10 millions de personnes qui étaient jusqu’ici concernées par le Sport sur Ordonnance, car souffrant d’une des 30 ALD (AVC, mucoviscidose, paraplégie, maladie d’Alzheimer / Parkinson, etc). Mais grâce à cet amendement, c’est plus de 20 millions de Français qui pourront désormais pleinement utiliser ce dispositif. 

De plus, l’activité physique sur ordonnance pourra dorénavant être prescrite par un spécialiste, et non uniquement par le médecin traitant, comme c’était le cas jusqu’ici.

LES PRESCRIPTEURS

Après consultation, les patients sont redirigés, en fonction du diagnostic médical effectué, vers un professionnel mentionné dans le décret Sport Sur Ordonnance. Pour des limitations sévères, il pourra être aiguillé vers un kinésithérapeute, un ergothérapeute ou encore un psychomotricien. Pour des limitations modérées il pourra être dirigé vers un enseignant APA et pour des limitations moins importantes (voire inexistantes) vers un éducateur sportif habilité à encadrer ce public. 

Plus précisément, l’EAPA, qui sont des professionnels issus de la filière STAPS, vont évaluer les besoins du patient, construire un programme d’activité physique adaptée et encourager le pratiquant dans son processus de guérison. Ainsi, il a un rôle d’éducation à la santé en favorisant les changements de comportements vers un mode de vie plus actif et durable.

LES freins QUI persistent :

Toutefois, ce dispositif ne parvient pas à s’implanter pleinement dans le système de santé Français, certains freins persistent. Tout d’abord, la méconnaissance du dispositif et le peu de formations dispensées auprès des prescripteurs limitent drastiquement les opportunités pour les patients d’accéder à une ordonnance médicale pour de l’APA. S’ajoute à cela un financement inexistant de la sécurité sociale pour rembourser les usagers du Sport sur Ordonnance. En effet, seules certaines mutuelles prennent en charge les séances, mais à plafond et durée limités. Alors que l’activité physique représente une réelle source d’économie pour les finances publiques. En effet, et selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la sédentarité et l’inactivité physique sont à l’origine,

chaque année, de plus de 2 millions de décès dans le monde et de nombreuses pathologies chroniques. En France, ce coût a pu être chiffré : 17 milliards d’euros par an, dont 14 milliards pour les dépenses de santé (d’après le ministère des Sports, 2018). Outre l’aspect économique, le Sport sur Ordonnance permet également de limiter les dépendances liées à la prise de médicaments et améliore de façon générale l’état de la santé public. C’est pourquoi, l’ANESTAPS en collaboration avec l’ANEMF, a mis en place le Projet Sport sur Ordonnance, afin de démocratiser ce décret. Et RDV à l’automne 2021, pour l’Educathon Sport Santé de l’ANESTAPS !