LA JNSH 2021, UN PROJET NATIONAL

Mercredi 24 Mars avait lieu la 9ème édition de la Journée Nationale du Sport et du Handicap (JNSH). Cette année, la JNSH 2021 s’est déroulée dans un contexte sanitaire particulier, qui est venu impacter le modèle initial de son organisation. Dans l’impossibilité de mettre en place les traditionnels villages d’activités et villages partenaires, l’ANESTAPS a toutefois souhaité maintenir la mise en place du  colloque. Devant se passer initialement au sein de l’Hôtel de ville, c’est sous un format numérique que les échanges se sont finalement déroulés autour d’une problématique : “ Covid-19 : Comment relancer la pratique d’activité physique et sportive  des personnes en situation de handicap ?

POUR CET ÉVÈNEMENT DE NOMBREUX ACTEURS SE SONT MOBILISÉS POUR CETTE THÉMATIQUE !

«  La COVID-19 a eu des conséquences importantes sur le quotidien des personnes en situation de handicap. Le confinement généralisé a éloigné les personnes en situation de handicap d’une pratique sportive régulière et encadrée. […] Cette difficulté est le reflet d’une difficulté beaucoup plus large de l’accession au sport des personnes en situation de handicap.  » 

Marie-Amélie Le Fur

COVID-19 : une pratique sportive à l’arrêt !

Les bienfaits de la pratique sportive ne sont plus à prouver pour les personnes en situation de handicap, puisque le sport favorise l’inclusion et améliore la santé des pratiquants. Pourtant, d’après nos intervenants, la pratique régulière d’activités physiques et sportives (APS) chez les personnes en situation de handicap (PSH) reste encore aujourd’hui bien en dessous des moyennes nationales. Avant la crise sanitaire, 48% des personnes en situation de handicap ne pratiquaient pas d’activité physique et sportive, contre 34% pour le reste de la population

Depuis Mars 2020, la crise de la Covid-19 a eu de nombreuses conséquences sur le para-sport : compétitions annulées, respects des gestes barrières, infrastructures sportives adaptées fermées, manque de moyens humains, sont autant de conséquences venues enrayer une pratique aux besoins déjà très spécifiques. Face à ce constat, le Ministère chargé des Sports a rédigé une dérogation spécifique afin de permettre aux PSH de pratiquer au sein de leurs structures sportives. Une initiative fortement appréciée qui reste toutefois difficile dans son application et dans l’évaluation de son efficacité. De plus, les pratiquants ont pu compter sur les clubs et les fédérations pour les accompagner dans ce contexte sanitaire particulier.

«  Pourquoi le sport est-il aussi essentiel dans le parcours de vie des personnes en situation de handicap ? […] Le fait de porter cette lame de course m’a permis de devenir plus qu’une personne en situation de handicap.[…] Grâce au sport j’ai repris confiance en moi, en mes capacités mentales et physiques. […] Ce sport a eu un effet bénéfique sur ma vie, mes ambitions et je suis loin d’être un cas isolé. On doit tous se battre collectivement pour que le sport fasse partie du parcours de vie des personnes en situation de handicap.  » 

Marie-Amélie Le Fur

«  Il a fallu qu’on aménage les choses car les consignes sanitaires étaient telles qu’il fallait respecter des gestes barrières sanitaires pour notre public, qui est parfois lourdement handicapé. Il a fallu créer des guides de pratique qui s’adaptent aux doctrines gouvernementales, mais également aux situations de handicap.  » 

Guislaine Westelynck

La crise sanitaire, plaidoyer de la pratique des PSH

La crise de la covid-19 a mis en exergue l’importance de la pratique sportive, tant pour les personnes en situation de handicap que pour le grand public, entraînant un gain de visibilité des pratiques adaptées et des instances sportives. C’est pourquoi, en dépit des nombreuses restrictions de déplacement et l’impossibilité d’organiser des compétitions, les clubs se sont tournés vers un nouvel outil de sensibilisation et de pratique : le numérique. L’utilisation des réseaux sociaux et des visioconférences est devenu un des seuls moyens de communication. Ces nouvelles méthodes de communication ont permis à la Fédération Française de Sport Adapté et la Fédération Française de Handisport de renforcer le contact avec les différents acteurs du territoires, les clubs ou encore les institutions, mais aussi de proposer une nouvelle offre de pratique sportive. Un fonctionnement qui a permis de toucher les publics les plus isolés et qui devrait rester dans les habitudes post-covid. Toutefois, ce fonctionnement, bien qu’efficace en période de confinement, ne remplace pas les compétitions et ne permet pas à chacun d’accéder à une pratique adaptée.

«  Cela (la crise sanitaire) a presque été une sensibilisation naturelle à ce que c’est parfois que d’être en situation de handicap et de ne pas pouvoir pratiquer. […] Maintenant tout l’enjeu, c’est de se dire, comment faire en sorte que les fédérations qui sont parfois fragilisées par le nombre de licenciés qui a diminué, puissent transformer tout cela en choses positives. Que les licenciés reviennent et que les établissements ouvrent leurs portes. […] La visioconférence, le numérique, et les réseaux c’est très bien mais cela ne remplacera jamais une activité physique encadrée au sein d’un club.  » 

Ludivine Gondran

 » On a vu que notre rôle allait au-delà du sport pour beaucoup de nos sportifs. […] On voit que l’isolement est fortement présent pour certains d’entre eux. […] Pour la FFSA, la plupart des pratiquants ne sont pas en capacité de se mettre devant un ordinateur, donc la plupart n’ont pas pu accéder aux pratiques sportives. Cela a eu un impact sur leur santé.  » 

Marc Truffaut

Mutualiser les actions et les projets, pour faire face à la crise sanitaire

Alors que la pratique sportive en France traverse une période difficile, l’arrêt des compétitions et la succession des périodes de confinement sont venues mettre à mal la santé financière du monde sportif. Face à la crise sanitaire, il est donc devenu plus que nécessaire de favoriser la synergie des actions et la transversalité des acteurs du sport. Une solution semble s’imposer : inscrire les actions de développement de la pratique sportive des PSH dans les politiques publiques, en travaillant notamment dans l’interface de plusieurs politiques sectorielles. En effet, le handicap nécessite le travail commun des acteurs publics comme privés, et concerne à la fois l’aménagement du territoire, le sport ou encore le logement. En ces temps difficiles, il est important de flécher les budgets vers de nouveaux projets, co-construits et œuvrant sur un maximum d’aspects. 

 

«   La stratégie héritage de Paris 2024 c’est de travailler avec tout le monde, et la première action que l’on a fait c’est de se mettre tous ensemble autour de la table […] On demande au secteur associatif de travailler ensemble pour répondre aux appels à projets du fond de dotation […] Les budgets sont tous réduits. On a donc intérêt à les mutualiser pour pouvoir accompagner ensemble des projets. […] Il faut continuer. On travaille quotidiennement ensemble.  » 

Marie-Amélie Le Fur

 » Nous sommes tous convaincus du caractère indispensable de travailler et de multiplier les collaborations entre les acteurs. Nous en étions convaincus avant cette crise sanitaire. Nous sommes d’autant plus conscients qu’on ne peut pas relancer la pratique seuls. Il faut des synergies entre les acteurs, aussi bien au niveau national que territorial.  » 

Iris Bazin

 «  Parmi les victimes de cette crise,il y a le budget de toutes ces parties prenantes. On a des moyens très contraints aujourd’hui. […] Il faut inscrire dans le temps les actions en faveur du développement de la pratique des personnes en situation de handicap au sein des politiques publiques de notre collectivité. […] Sauf que la contrainte des moyens budgétaires nous oblige à nous tourner vers les directions opérationnelles. Dans notre stratégie, il s’agissait de travailler toujours à l’interface entre plusieurs politiques sectorielles. […]. Le handicap est rarement le fait d’une seule direction, mais de plusieurs. Forcément cela met autour de la table plusieurs politiques publiques. » 

Pascal Mathieu

Les Jeux Olympiques et Paralympiques, enjeu majeur pour démocratiser la pratique

Aujourd’hui plus que jamais, les acteurs du monde du sport se doivent de travailler sur l’accessibilité et l’inclusion des personnes en situation de handicap. L’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de 2024 est une opportunité dont il faut se saisir. Pour rappel, la Stratégie Nationale Sport Handicap portée par Roxana Maracineanu et Sophie Cluzel vise à augmenter de 3 millions le nombre de pratiquants en France, avec une part importante de personnes en situation de handicap. Pour rappel, l’héritage des jeux de Paris 2024 vise à “mettre plus de sport dans la vie des français” en développant la place du sport et l’offre de pratique.

Les JOP, en tant que plus gros événement sportif mondial, doivent être un événement exemplaire tant sur l’aménagement des infrastructures, que sur l’accès aux épreuves sportives ou encore l’inclusion des personnes en situation de handicap au sein de l’organisation. Il faut permettre à chacun de vivre les jeux de manière équitable. Les yeux et les journalistes du monde entier seront tournés vers l’événement, qui doit contribuer à changer le regard sur le handicap et le parasport. Pour Paris 2024, cela passera notamment par la charte relative à la représentation des personnes handicapées et du handicap dans les médias audiovisuels, déjà signée par de nombreux médias. 

 »  On sait aujourd’hui l’impact que peuvent avoir les Jeux Olympiques et Paralympiques sur le changement de regard et sur le développement de la pratique paralympique. […] nous avons voté à l’occasion du conseil de Paris une stratégie dédiée nommée “Paris plus inclusive. […] Il me semble que la perspective des jeux doit être un élément moteur positif y compris pour la reprise de la pratique […] nous souhaitons, en amont des Jeux, accueillir des événement de parasport, de grands événements.  » 

Pierre Rabadan

 «  On a vraiment la volonté que la personne en situation de handicap puisse être actrice des Jeux Paralympiques, néanmoins on a envie que la personne en situation de handicap puisse être aussi active des Jeux Olympiques[…]. Pour nous cela veut dire qu’une personne en situation de handicap peut aller dans les enceintes sportives comme une personne normale. Elle peut regarder aussi les jeux olympiques et paralympiques à la télé. On va monter des supports pédagogiques pour essayer d’éclairer sur le monde des classifications […]. Enfin, on incite l’ensemble de nos acteurs à postuler pour être bénévoles des Jeux paralympiques. » 

Aude Moulin Delalande

Démocratiser la pratique sportive et changer les regard sur le handicap chez les jeunes

 » Il faut travailler sur les réseaux, sur les équipements et sur l’événementiel. […] L’objectif que l’on doit se donner n’est pas de répondre à la réglementation française. Il s’agit d’aller au-delà et de s’inscrire dans le droit. Le sport est un droit […] On mobilise pour nous aider à rendre accessible ces équipements de manière à ce que cela puisse permettre un environnement propice à la pratique.  » 

Pascal Mathieu

Les jeunes sont l’avenir de la société. Ils sont les futurs professionnels, pratiquants, consommateurs et acteurs du sport, un public idéal pour initier un changement du regard sur le handicap et démocratiser les para-sports durablement. L’école est alors le levier d’action principal afin de les sensibiliser à la pratique physique, à l’acceptation de soi et celle des autres. La relance de la pratique sportive chez les personnes en situation de handicap ne peut donc se faire de manière durable sans action directe envers les plus jeunes. C’est dans cet objectif et en continuité des actions menées lors de la Semaine Olympique et Paralympique, que le parasport devra être inscrit au sein des programmes scolaires pour la rentrée 2021. De plus, 25h de formation aux besoins pédagogiques des élèves en situation de handicap seront inscrites dans la formation initiale des enseignants du 1er et 2nd degrés.

 

Le Pass Sport devrait être mis en place prochainement par le Ministère de l’Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports, afin de faciliter la relance du sport et la prise de licences fédérales des plus jeunes. Il aura, lui aussi, un rôle à jouer dans la relance du sport chez les personnes en situation de handicap.

 «  Cette crise sanitaire nous a rappelé les enjeux grandissants de la sédentarité et de la nécessité pour tous de pratiquer une activité sportive régulière, et encore plus pour les personnes en situation de handicap, qui doivent être embarquées dans cet objectif majeur, qui est un objectif social et sociétal […] C’est pour cela que nous avons signé avec le ministre de l’Éducation Nationale, la ministre des Sport et moi-même à l’occasion de la Semaine olympique et paralympique, des conventions avec des fédérations handisports et sport adapté pour mettre en oeuvre l’objectif de 30 minutes d’activité physique et sportive par jour. […] pratiquer le sport fait progresser tout à chacun. […] Nous avons besoin de cette aptitude à inclure les enfants et les adultes en situation de handicap, qu’il soit moteur, intellectuel, sensoriel, psychique, mental, autisme. » 

Sophie Cluzel

L’information, clé de la relance du sport

Dans une période plus incertaine que jamais, l’information semble être une clé majeure de la relance du sport. Alors que les clubs éprouvent des difficultés sur la compréhension des dispositifs mis en place, et surtout sur leur déploiement, l’accompagnement et la remontée des informations sont l’une des missions premières des instances du sport. Il faut dès aujourd’hui préparer la relance post-covid en aidant les pratiquants et futurs pratiquants à retrouver le chemin des clubs et structures sportives. Pour cela, les acteurs semblent miser sur le développement de nouveaux outils facilitant la recherche d’informations, comme le Handiguide ou encore le projet “Trouve Ton Parasport” du Comité Paralympique et Sportif Français.

 » Je veux quand même insister sur le fait que le plus important, quand tout sera terminé,c’est d’amener les personnes en situation de handicap dans les clubs, et cela avec l’aide des STAPS qui sont des gens incontournables et dont on a réellement besoin […] La filière APA est une pépinière de futurs cadres dans notre fédération. » 

Guislaine Westelynck

 «  Il y a une ressource dont on n’a pas parlé, ce sont les aidants. On sait très bien qu’une personne en situation de handicap arrive à la pratique grâce aux aidants. En tout cas, c’est rarement la personne en situation de handicap qui va chercher l’information pour s’inscrire dans le sport. C’est l’aidant qui fait la démarche d’aller dans les forums des associations. […] On va faire des fiches pratiques pour les aidants, pour amener la personne en situation de handicap au sport. » 

Aude Moulin Delalande

Les projets à venir :

  • ESMS du CPSF – mise en lien des clubs et des des établissements médico sociaux
  • Trouve ton parasport du CPSF – oriente les personnes en situation de handicap vers la pratique la plus adaptée à leurs envies et contraintes
  • Programme d’identification de PSH ayant un potentiel avéré de compétiteurs du CPSF 
  • Création d’espaces de pratique au sein des IME partagés avec les écoles (Ville de Paris)
  • Les journées régionales de parasport du CPSF 
  • Handiguide – répertoire des associations qui proposent un accompagnement spécifique pour les personnes en situation de handicap (Ministère des Sports)

CONCLUSION

Julian Jappert, directeur général du Think Tank Sport et Citoyenneté, et Loïc Rosetti, président de l’ANESTAPS, ont conclu ce webinaire. Ce fut l’occasion de rappeler les différents leviers de la pratique sportive identifiés comme l’accessibilité,  la sensibilisation et l’accompagnement dans l’encadrement. En ces temps de crise, il est bon de rappeler la nécessité de mutualiser les actions et d’agir collectivement pour le développement d’une offre sportive pour tous, adaptée aux besoins des personnes en situation de handicap. Différentes opportunités se présentent alors, comme les JOP de Paris 2024, événement clé de la médiatisation, de la visibilité et du développement des parasports sur l’ensemble du territoire. Les étudiants en STAPS, futurs professionnels du sport, doivent être des acteurs prépondérants du développement des pratiques et du changement de regard. Les futurs enseignants en Activité Physique Adaptée sont des acteurs déterminants pour le sport santé et sur la question du handicap.

 

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