Montrouge, le 12 avril 2023
Le 15 septembre 2022, à l’INSEP, l’ANESTAPS présentait les premiers chiffres de l’enquête sur la pratique d’activités physiques et sportives et la sédentarité des étudiants réalisée avec l’ONAPS. Les données issues des 19000 réponses recueillies mettaient alors en évidence l’urgence d’agir pour améliorer la place de l’activité physique dans la vie des étudiants. Parmi elles, un chiffre alarmant : les étudiants adoptent des comportements sédentaires en moyenne 8h les jours de cours. Conjugué à des recommandations de pratique d’activité physique régulière non atteintes pour plus de la moitié d’entre eux, ce niveau trop élevé de sédentarité constitue un facteur de risque supplémentaire pour la santé des jeunes, déjà grandement impactée par la crise sanitaire et une précarité grandissante.
Face à ces constats, une dynamique collective entre les acteurs de l’enseignement supérieur et ceux du monde sportif s’imposait. Elle s’est traduite tout d’abord par la publication, en ce début d’année 2023, des rapports de France Universités et de l’IGESR sur le sujet, ainsi que du rapport complet de l’enquête menée par l’ANESTAPS et l’ONAPS. Ces riches travaux permettent aujourd’hui de dresser un diagnostic complet des problématiques liées au manque de pratique d’activités physiques et sportives à l’université, tout en proposant de nombreuses recommandations pour y répondre.
L’ANESTAPS se félicite également de l’efficacité des travaux engagés par l’ensemble des acteurs concernés depuis la rentrée universitaire, notamment dans le cadre des nombreux groupes de travail pilotés par la DGESIP, témoignant d’une volonté commune de pérenniser un dialogue régulier sur ces enjeux cruciaux.
Ce vendredi 7 avril, lors du septième atelier du cycle “Impulsion Politique et Coordination Stratégique”, Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sport et des Jeux Olympiques et Paralympiques, ont signé une feuille de route pour le développement de la pratique sportive étudiante. Cette dernière, également signée par France Universités, la Conférence des grandes écoles ainsi que la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs, vient concrétiser les nombreux mois de travaux collectifs et acter des engagements concrets et opérationnels, faisant largement écho aux recommandations formulées par l’ANESTAPS.
Parmi les leviers activés pour développer l’offre et diversifier les pratiques, l’ANESTAPS s’inscrit dans la dynamique de recours à des emplois étudiants STAPS au sein des SUAPS, convaincue que les étudiants en STAPS sont les meilleurs ambassadeurs de la pratique d’activité physique sur les campus. L’accent mis sur le développement du sport-santé est également à souligner, il doit contribuer à favoriser la mise en place de Réseaux Sport-Santé Étudiants, mettant en synergie les SUAPS, les services de santé étudiante et les acteurs territoriaux du sport et de la santé afin de promouvoir les activités physiques et sportives comme outil de prévention en santé.
Les mesures engagées pour valoriser la pratique et aménager le temps universitaire répondent elles aussi aux propositions formulées par l’ANESTAPS, notamment l’attention portée à l’adaptation des rythmes universitaires ainsi qu’à la place donnée aux activités physiques et sportives dans les maquettes de formations. Il est par ailleurs essentiel de développer des méthodes pédagogiques innovantes, s’appuyant sur l’activité physique, afin d’amener directement la pratique aux étudiants au sein de leur cursus.
Concernant le renforcement des moyens financiers, de la gouvernance et de l’évaluation, l’ANESTAPS se réjouit de voir les établissements d’enseignement supérieur éligibles aux crédits de l’Agence Nationale du Sport dans les prochains “plans équipements” et encourage la mutualisation des infrastructures des collectivités, des établissements scolaires et universitaires afin d’optimiser leur utilisation. La place donnée aux conseils des sports dans la gouvernance des établissements est également nécessaire, et doit s’accompagner d’un cadrage précis de leur composition afin d’y assurer une juste représentation des usagers.
La mobilisation de la Contribution Vie Étudiante et de Campus (CVEC) pour promouvoir et développer les activités physiques et sportives figure parmi les priorités fixées par l’ANESTAPS, l’engagement pris en ce sens dans la feuille de route est donc à saluer. Afin d’être assurés de la bonne mise en oeuvre de cette mesure, un pourcentage socle de la CVEC dédié aux activités physiques et sportives doit être fixé à l’échelle nationale, s’appuyant sur le cadrage réglementaire en vigueur (article D841-11 du Code de l’éducation), à hauteur de 15%.
Plus que la concrétisation d’une nécessaire démarche de co-construction, cette feuille de route doit constituer pour l’ensemble des mondes sportif et universitaire une boussole dans la mise en œuvre de politiques sportives universitaires durables. L’ANESTAPS reste pleinement mobilisée auprès de l’ensemble des acteurs concernés pour rendre ces mesures opérationnelles sur l’ensemble du territoire.
Le développement d’une littératie physique pour l’ensemble de la population doit demeurer une priorité dans l’héritage social que laisseront Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Elle doit impérativement se construire pour les jeunes, avec les jeunes.