L’ANESTAPS et son réseau portent un regard très inquiet voire critique face au “Plan Étudiants” proposé hier matin par le Premier Ministre, la Ministre de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation, et le Ministre de l’Éducation Nationale.

En effet, nous saluons les avancées majeures sur l’orientation et l’accompagnement des jeunes ainsi que sur l’amélioration des conditions de vie des étudiants.Cependant pour les filières en tension, il ne faut pas que les “Attendus” deviennent un critère de sélection. Tout comme l’a précisé le gouvernement il faut que le dernier choix d’orientation revienne au bachelier.

Dans un premier temps, l’ANESTAPS souligne l’effort réalisé durant les groupes de travail  qui ont eu lieu lors des concertations sur la réforme du premier cycle de l’enseignement supérieur. Certaines prises de positions du gouvernement sont à saluer comme la fin du tirage au sort qui, jusqu’à présent, n’était qu’une solution de facilité face à la mauvaise anticipation de l’évolution démographique. De plus la fin du dispositif APB amène à la création d’un nouveau système d’admission qui devra être plus transparent et plus accessible pour les lycéens, tout en instaurant un accompagnement personnalisé.

C’est dans cette dynamique de refonte, que l’orientation active va enfin trouver toute sa place par un réel accompagnement de la part des lycées et des professeurs pour définir un projet professionnel aux lycéens ainsi que le parcours de formation en adéquation avec celui-ci (Deux professeurs principaux, un référent pour les filières en tension et d’avenir…). Plus spécifiquement pour les formations dans le champ du sport un guichet unique d’orientation va être créé pour rendre les compétences développées dans ces formations plus lisibles et compréhensibles par les étudiants tout comme par le monde professionnel.

 

De plus, le gouvernement a pris ses responsabilités, quant au passage des étudiants au régime général par la suppression du régime de sécurité sociale étudiante,  représentant une réelle avancée pour l’accessibilité à leurs soins.

En parallèle l’aide globale d’autonomie va permettre une augmentation nette du pouvoir d’achat des étudiants par une harmonisation et une simplification des aides sociales, les rendant bien plus équitables.

 

L’ANESTAPS attire désormais l’attention sur ce qui se cache derrière la mise en place ”d’attendus” à l’entrée de l’Université. Si le gouvernement affirme que le dernier mot sur le choix d’orientation revient à l’étudiant, ce n’est pas le cas partout. En effet, dans les filières en tension où les capacités d’accueil sont bien inférieures au nombre de demandes, les établissements pourront sélectionner les étudiants en fonction des “Attendus”, définis nationalement..

Au regard de la forme que prend ces “attendus”, il est inconcevable d’accepter qu’une sélection se fasse sur critères sociaux reflétant injustement des inégalités. Cette forme de sélection viendrait considérablement atténuer les chances de réussite pour toutes et tous. Nous savons pertinemment l’ascenseur professionnel et social qu’est l’enseignement supérieur, c’est donc pour cela que nous tendons à sa démocratisation pour l’épanouissement intellectuel de chacun. Comment pouvons-nous l’interdire à certains jeunes, sans même essayer de les accompagner et d’adapter nos parcours de formation ?

 

Nous avons bien conscience que toutes ces réformes ambitieuses seront applicables sous réserve d’un réel investissement budgétaire, notamment auprès des filières pourvues de capacités d’accueil. En saluant l’effort effectué par le gouvernement actuel avec l’annonce du milliard d’euros attribué sur 5 ans au Ministère de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation, nous restons persuadés que ces investissements demeurent encore insuffisants.

 

Nos craintes subsistent d’une part vis à vis des 450M€, qui seront destinés au grand plan d’investissement (GPI). Il est impératif que ce ne soit sous forme d’appel à projets mais bien sous forme de contrat d’objectifs avec les universités.

D’autre part, nous nous questionnons quant à la répartition des 500M€ étalés sur tout le quinquennat (100M€ par année sur 5 ans). En effet, le plan d’urgence effectué par le précédent gouvernement (100 millions d’euros) concernant les filières en tension et notamment la filière STAPS n’ont servi qu’à une hausse du point d’indice et au remboursement du GVT (glissement vieillissement technicité) au sein des universités. Nous insistons sur le fait qu’il est nécessaire de flécher des crédits conventionnés vers les filières qui en ont le plus besoin, en rappelant la nécessité de créer des antennes sur certaines académies.

 

Les préoccupations que nous avançons sont fondées. En effet, depuis 2011, la filière STAPS a attiré plus de 20 000 étudiants supplémentaires, soit une augmentation de plus de 30% de voeux 1 STAPS entre 2014 et 2017. Cela a engendré des rentrées catastrophiques depuis plusieurs années par manque d’anticipation; ainsi plus de 10 000 jeunes n’ont pas eu la possibilité d’accéder à leur voeu 1 STAPS. Le secteur du sport étant en pleine expansion, d’après France Stratégique, il faudra prévoir une croissance d’au moins 20% dans l’emploi dans le champ du sport d’ici à 2020, notamment via les Jeux Olympiques de Paris 2024.

Le champ du sport ne posant aucune difficulté d’insertion professionnelle, nous réclamons qu’au même titre que toutes les autres filières de l’enseignement supérieur, le dernier choix concernant l’orientation revienne à l’étudiant et uniquement à l’étudiant.

 

L’ANESTAPS s’inquiète également sur l’avenir de la filière STAPS avec la mise en place d’une mention complémentaire au bac, proposant  aux bacheliers (ne répondant pas aux attendus) une année de bac+1. Cette année sera potentiellement réalisée dans les établissements du Ministère des Sports gérés par les régions, les CREPS. Il est amené à penser que les jeunes se verront financer la moitié d’un diplôme professionnel (BPJEPS) sans avoir de diplôme donnant des prérogatives d’encadrement. De plus la création d’un BTS “métiers du sport” reste encore très flou. Nous restons cependant dans l’expectative notamment quant au secteur d’activités exploré, et à l’encadrement de la formation.

 

L’ANESTAPS rappelle qu’il est primordial de valoriser les filières courtes comme les DEUST, parfois plus adaptés à certains profils. Nous comptons sur une collaboration avec le ministère pour accélérer sa mise en place.

Il faut tendre à la création de “campus des métiers” permettant des passerelles entre les différentes formations dans le champ du sport. Cette réelle articulation serait le fruit de la mise en place de blocs de compétences. L’exemple du rapprochement avec les CREPS et les branches professionnelles tend à cette volonté, cependant il faut construire une réelle cohérence entre les parcours, les secteurs d’activités et les niveaux d’intervention.